Ils sont venus à la rencontre d’une œuvre d’ile art, Ils ont osé écrire et se dire. Ils avaient trois quarts d’heure pour rédiger un petit texte... En écoutant leurs mots, leur parole, leur engagement, une belle découverte. Chaque écrit est riche de chacun. Nous sommes étonnés, charmés, brusqués parfois.
À la lecture des textes à haute voix, une belle émotion monte chez les «écrivains» en herbe et les personnes présentes. Bravo et merci !
A. Maréchal (Présidente d’ile art Malans)
«ENVELOPPER LA LUMIÈRE» Denis Pérez
Comme un copeau fragile
posé en équilibre,
évasé vers le ciel,
massif dans sa discrétion évidée,
un bronze, matière antique,
un bronze défi au temps végétal comme à celui de l’être humain,
une vanité apaisante, en vérité...
Ce copeau est en attente
du Feng pour s’envoler
vers l’ailleurs, bleu et éthéré.
Patrice Clairet (1er prix)
RÉSONNANCE - Denis Pérez
Perplexité : d’où provient cette sonorité lancinante ?
Mon cerveau gauche s’interroge,
je bute sur la question du comment, échafaude des hypothèses (dispositif électronique caché, générateur de fréquences...?).
Je raisonne. Mon cerveau droit vibre, en harmonie avec le métal, l’arbre, la pierre, les ricochets de lumière, l’air, l’éther, la promesse
de l’infini. Je résonne.
J’aimerais laisser cours à l’émerveillement, sans chercher à analyser ni comprendre. Il faudrait me défaire de tant de choses accumulées, savoirs, jugements, exigences... Pour simplement sentir.
Jean-Pierre Cattelain (2nd prix)
«ENVELOPPER LA LUMIÈRE» Denis Pérez
C’était tuyère
Un souffle puissant
Moulé au sein de ma mère
C’était hier
La courbe haletante
D’un volcan éphémère
C’était éphémère
Conscience ondoyante
D’un instant sur la terre
Guillaume Mares (3ème prix)
L’AMPHITHÉÂTRE - Andrea Malaer
Tu me regardes avec tes masques exotiques, l’air presque sévère, mais une fois assise en face de toi, je ressens ton besoin existentiel de t’ouvrir et de faire partager tes joies et tes peines aux autres. Je te regarde et je pleure, je ris et t’applaudis aussi. Malgré la distance physique qui s’installe lorsque je m’assois devant toi, je me sens proche et apaisée comme si tu osais incarner en public tout ce que je garde honteusement en moi. En face à face avec toi, je prends le temps de respirer, d’observer, de comprendre, mais surtout de vivre.
Léna Sabadel
PAYSAGE MÉTAPHYSIQUE
Rainer Fest
Immense Pierre
Lumineuse d’anciennes mémoires Epanouie à l’abri des arbres... Aimant et embrassant
Rayons de l’univers
Transformant le parcours humain : On vient du cosmos
On se matérialise en fluant comme l’eau
On descend aux profondeurs...
Immense Pierre nous éveille
à être Humble
car on est fait de terre
et à être Noble car on est fait d’étoiles.
Merci à l’ile Art
Isabel Rodrigues
STONE FLOW II - Karl Chilcott
La coulée magique
Paisible au pied de mon Hêtre,
on m’invite à entrer. Porte sans porte, j’emporte mes mousses fraiches. Cul par-dessus tête,
je me gamelle et je m’éboule jusqu’au tronc de ce beau Charme. Entre Hêtre et Charme me voici donc allongé là dans ce sous-bois
si calme. Mais comment reconnaitrais-je l’un et l’autre de mes 2 arbres ? « Le Charme d’Adam c’est d’Hêtre à poils » disait Berthe ma grand-mère. Il m’a fallu quelques nuits pour découvrir qu’elle me parlait de leurs feuilles.
Jérôme Marcel
LES SENTINELLES DE LA FORÊT (Vigilanten) Claudia Dietz
Qu’arrive-t-il à notre terre ?
Où sont partis tous nos frères ? Pourquoi notre paradis d’hier
sera-t-il demain un enfer ?
Où sont les poissons
denos rivières ?
Qui a volé de nos arbres le vert ? Pourquoi sur le sol tant
de poussière ?
Il n’y a là point de mystère Homme,
si tu veux sauver ta terre, soit vigilant, protège-la comme une mère.
Francine Brouel
PERSONNAGES - Christina Wendt
Quatre nus bien assis sur des lettres ou syllabes, ces deux dernières le sont moins, je tourne autour,
elles se renversent pour former en croix le mot nues. Quatre personnes
aux rectos dévêtus, aux fessiers ressemblants pouvant envier un callipyge.
Les mêmes quatre personnes
aux versos différents :
Un couple impudique
installé sur le N de NU
(un homme, cuisses croisées «poitrinaire» d’adolescent... ange déposé sur la branche médiane
de E allongé ?
Enfin une femme, perchée
sur le S embrasse sa poitrine
au sens propre. Ses jambes écartées juste suffisamment
pour inviter le regard à regarder
ce qu’il aimerait voir,
mais RIEN !
Annelise Boëda
Ile Art à Malans
Si nos ancêtres revenaient
Jamais ils ne reconnaitraient
Les alentours de la carrière
Où, jadis ils tiraient la pierre
Dans ce décor un peu sauvage
A deux pas du petit village
Sur le terrain aménagé
Le paysage a bien changé.
La sculpture ouvre la balade
Nous invite à la promenade
En suivant les petits cailloux
À gauche, à droite, un peu partout.
Certains artistes sont du coin
Mais d'autres viennent de très loin
Pour présenter des créations
Fruit de leur imagination
Tailler la pierre, tordre l'acier
Vraiment, c'est un noble métier
Rien ne se perd, rien ne se crée
Tout se transforme,selon l'idée.
Mais reste encore, dans ces lieux
Le souvenir de nos aieux.